Nature in solidum

Nature in solidum

COAL accompagne la démarche de valorisation artistique du Parc naturel régional du Haut Jura, trois résidences et une oeuvre dans l’espace public

Solidairement et en commun, In solidum est le principe de responsabilité réciproque qui prévaut dans la gestion du collectif, si typique du Haut-Jura, où est né le système coopératif des fruitières. Une mutualisation des bienfaits de la nature comme de ses aléas, qui nous renvoie à notre responsabilité collective vis à vis d’elle, nous rappelle l’interdépendance indéfectible des hommes et de leurs milieux naturels, et la nécessité d’agir ensemble aujourd’hui pour les protéger.

Accompagné par COAL acteur culturel référent de la rencontre de l’art et de l’écologie, le Parc naturel régional du Haut-Jura lance Nature in solidum, une démarche de valorisation artistique de son territoire. Par le biais de résidences et de commandes artistiques, le Parc et ses communes entendent aborder autrement les grands enjeux écologiques auxquels le Haut-Jura doit faire face, tels que la protection de la biodiversité, l’érosion des milieux naturels sensibles, la qualité de la ressource en eau, les impacts des changements climatiques, la mise en œuvre d’énergies renouvelables, la gestion forestière durable, ou encore les économies locales et circulaires, et les modes de vies collaboratifs et citoyens.

Cette démarche artistique engage à prendre conscience différemment des changements que subissent les territoires pour mieux agir sur leurs transformations, et contribuer à une meilleure conciliation des usages au sein des milieux naturels. Ce programme valorise aussi bien la grandeur de la nature que la force du collectif et se conçoit comme une démarche participative fédérant artistes, collectivités, entreprises et acteurs locaux. Il participe à la vie sociale et économique locale et pourra notamment s’appuyer sur les ressources, les matériaux et les savoir-faire du Haut-Jura, renforçant par là même, la conscience écologique des usagers et résidents du territoire tout en proposant des expérimentations voire des solutions nouvelles.

Ce programme se veut ouvert : il est enrichi, année par année, par de nouveaux appels à projets artistiques dans des communes différentes du Parc naturel régional du Haut-Jura.

En 2019, trois artistes sont accueillis en résidence dans les communes de Jeurre, La Pesse et Avignon-les-Saint-Claude. Une œuvre d’art dans l’espace public est réalisée dans la ville de MOREZ.

Une exposition collective à la Fraternelle – Maison du Peuple à Saint Claude est organisée du 26 septembre – 31 octobre 2020 pour restituer le travail des artistes.

Ce programme est conçu avec le soutien financier des communes concernées, la Région Bourgogne-Franche-Comté et du programme Leader Haut-Jura. Elles bénéficient du conseil et du suivi artistique de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté et de COAL.

LES ARTISTES SÉLECTIONNÉS

Les artistes Baptiste Carluy, Romain Barthélémy, Mathieu Ghezzi, Odysseas Yiannikouris et Alessandra Monarcha, sélectionnés dans le cadre de Nature in Solidum entament leurs résidences dans les communes de Jeurre, La Pesse et Avignon-lès-Saint-Claude, pour se confronter, durant un an à des enjeux cruciaux du territoire tel que : la pollution de la Bienne, la gestion forestière et la transition énergétique.

TROIS RÉSIDENCES, TROIS COMMUNES, TROIS THÉMATIQUES

Baptiste Carluy, en résidence dans la commune de Jeurre autour de la pollution de la Bienne

Originaire du Nord de la France, Baptiste Carluy, s’adonne à poétiquement restituer son environnement quotidien par le médium de la peinture. Pendant ces études à la Villa Arson à Nice, il s’est épanoui artistiquement dans le contexte spécifique de cette école liée à l’histoire du mouvement Supports/Surfaces mais également en s’adonnant à la pratique de la pêche no-kill, un moyen de pêche où l’on relâche systématiquement le poisson, sans le tuer. À l’occasion de sa résidence artistique, Baptiste Carluy propose d’entrer dans le sujet par le biais d’une approche venant mêler sa pratiue picturale à la pratique de la pêche. En faisant transparaître dans son art, aussi bien ce que l’on trouve concrètement dans les eaux de la Bienne – à savoir une pollution liée à l’industrie et aux rejets domestiques, et une faune et une flore fragile – que la part d’imaginaire et de fantastique qu’elles véhiculent.

Pour en savoir plus : baptistecarluy.com

Vue d’exposition, Pêche à vue , Jeurre, 2019 © Baptiste Carluy

Jeurre se situe à la confluence de la Bienne et de l’Héria. Depuis le 18ème siècle, le bassin de la Bienne a connu un essor industriel très important qui est à la source de rejets de micropolluants métalliques et organiques dans les stations d’épuration et dans la rivière. D’autres sources potentielles de contamination comme les activités économiques hors industrie, les rejets domestiques, les activités agricoles, les anciennes décharges participent à la dégradation de la qualité de l’eau. Depuis près de 20 ans le Parc naturel régional du Haut-Jura accompagne, les entreprises du bassin versant, les communes et leurs habitants afin de comprendre et résorber ces problèmes de pollution. Cette résidence artistique vise à contribuer à une meilleure compréhension et lisibilité de cette responsabilité commune.

Romain Barthélémy et Mathieu Ghezzi, en résidence à La Pesse autour de l’adaptation de la gestion forestière au changement climatique

Né de la rencontre entre un artiste sonore et un urbaniste, le duo parisien que forme Romain Barthélémy et Mathieu Ghezzi s’intéresse au son comme marqueur d’un territoire. Romain Barthélémy est un compositeur et designer sonore.Initié à l’art sonore durant ses études, il poursuit en parallèle un travail personnel sur le paysage sonore qui prend la forme de pièces électroacoustiques et d’installations. Formé en composition musicale et électroacoustique à la National University of Ireland, Maynooth et au Conservatoire Jules Massenet, il est diplômé en 2013 du master Design sonore ESBA TALM IRCAM. Mathieu Ghezzi, quant à lui, est un urbaniste, chargé de projet en programmation urbaine et concertation au sein de l’Agence Ville Ouverte où il travaille sur des projets urbains pour différentes collectivités. Son travail lui permet d’intervenir au sein d’équipes pluridisciplinaires à différentes échelles, aussi bien locales, que métropolitaines. En savoir plus : romainbarthelemy.com

À La Pesse, les artistes en résidence Romain Barthélémy et Mathieu Ghezzi travaillent sur les évolutions du paysage sonore de la forêt jurassienne. En s’inscrivant dans la lignée du travail du bio-acousticien Bernie Krause et des compositeurs de musique expérimentale de la seconde moitié du XXème siècle, leurs recherches portent sur l’analyse de la structure des paysages sonores ainsi que sur leur recomposition sous l’influence de différents facteurs anthropiques (gestion forestière, activités touristiques, économiques, réchauffement climatique…).

Depuis le début de leur résidence en juin 2019, les deux artistes ont rencontré et échangé avec plusieurs acteurs de la forêt jurassienne (gardes forestiers, responsables du parc naturel régional, artisans du bois, acteurs associatifs et économiques, habitants, artistes…) et réalisé plusieurs heures de captations sonores du milieu forestier pesserand et des activités qui y sont associées. Les deux résidents ont par ailleurs sollicité l’aide des habitants pour collecter plus d’une trentaine de haut-parleurs de toute nature qui constitueront la base d’une installation sonore multicanal

© Romain Barthélémy, Mathieu Ghezzi

La forêt occupe une place centrale, dans le Haut-Jura en général et sur la commune de la Pesse en particulier. Les forêts communales sont gérées selon le principe de la « futaie jardinée » basée sur une gestion très fine des prélèvements de bois, dit « pied à pied ». Ce mode de gestion est ancien et représentatif de la sylviculture du Haut-Jura. Il encourage un équilibre favorable à une biodiversité très spécifique. Cependant, ce mode de gestion devra composer, à l’avenir, avec les impacts potentiels des changements climatiques sur la nature et la répartition des essences de bois. Lors de cette résidence, l’artiste sera amené à rencontrer des agents de l’ONF et le Parc notamment pour comprendre et valoriser l’art de la futaie jardinée et les ressources en bois du Haut-Jura.

Odysseas Yiannikouris et Alessandra Monarcha, en résidence à Avignon-lès-Saint-Claude autour de la transition énergétique

Odysseas Yiannikouris et Alessandra Monarcha sont des architectes, urbanistes et plasticiens, installés à Marseille. En 2017-2018, à l’occasion de la résidence d’Odysseas à l’Académie de France à Rome-Villa Medici, leur collaboration se pérennise autour de l’invention d’une démarche qui joue aux marges de plusieurs champs disciplinaires et qui utilise librement l’écriture, le dessin, la photographie, la vidéo, la maquette et l’installation, comme autant d’éléments corrélés de production de sens. Leur attachement à l’écologie prend ses racines dans une culture active et émergente de la compréhension des interactions. Leur point de vue particulier se fonde sur deux thèmes qui les lient à ce courant de pensée : l’hybridité de l’identité, et le lien entre violence, politique, et Nature Pour en savoir plus : odysseasyiannikouris.com

Leur projet, l’Hacienda d’Avignon-lès-Saint-Claude, est donc une initiative solaire créant un récit artistique, témoin de l’histoire locale de l’énergie et du territoire. Trois dimensions ont particulièrement guidé le projet des artistes : les économies d’énergie, la production locale d’énergies renouvelables et l’implication de tous pour relever cet immense défi. Les artistes se sont imprégnés du climat local en arpentant le territoire, se sont entretenus avec les Pontringus au travers de lettres envoyées, et ont créé différentes expériences locales mettant en jeu notre rapport collectif aux énergies.

 


Installation, Octobre 2019 © Odysseas Yiannikouris et Alessandra Monarcha

Installation Banquet final, Mars 2020 © Odysseas Yiannikouris et Alessandra Monarcha

La transition énergétique, mise en œuvre actuellement par les territoires, est devenue une préoccupation majeure et une nécessité urgente compte tenu des évolutions climatiques en cours. A l’horizon 2050, localement, les enjeux de cette transition énergétique sont doubles : une réduction des besoins et de la consommation en énergie d’au moins 50 %, et une production d’énergie provenant de ressources locales, couvrant les besoins restants. La résidence à Avignon, commune la plus ensoleillée du Haut-Jura et fortement engagée dans cette démarche s’orientera ainsi autour de la nécessité de partager les enjeux de la transition en trois dimensions : les économies d’énergie, la production locale d’énergies renouvelables et l’implication de tous pour relever cet immense défi.

UNE OEUVRE DANS L’ESPACE PUBLIC À MOREZ

Félicie d’Estienne d’Orves réalise une oeuvre dans l’espace public de la ville de Morez.

Morez, à l’instar des petites villes de moyenne montagne, fait aujourd’hui face à la dévitalisation de son territoire. “Froide”, “maussade” et “encaissée”, Morez offre un tableau architectural, urbain et social d’une moyenne montagne en train de négocier son passage à une économie de plus en plus mondialisée, et de moins en moins dépendante des ressources locales. Le soleil, la lumière, la luminosité des lieux où l’on habite et où l’on vit, sont devenus un critère essentiel dans ces choix résidentiels. Le manque de lumière, (ou ce qui est vécu comme tel) devient ainsi un leitmotiv de la politique de la ville, qui mène à ce titre des actions de “dégagements paysagers” au profit de quartiers les moins bien pourvus en ensoleillement. Cette politique originale d’accès à la lumière, peu prise en compte dans les réflexions actuelles de la transition énergétique sera le centre de la réflexion artistique. Elle pourra se combiner avec l’évocation des techniques de l’optique, liée à l’histoire de la ville et à son développement actuel.

Réalisation d’essais solaire in-situ depuis le toit de l’immeuble l’Eperon qui surplombe la ville de Morez

 

 

Crédits photos : 500 soli  – photo © Claire Lavabre; Truite de la Besbre n°1 80x30cm 2019 – peinture © Baptiste Carluy; Projet de plan-guide paysager du Pays Haut Val d’Alzette, à l’écoute du grand paysage – photo © M. Ghezzi


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