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    PRIX COAL 2018

    Les artistes finalistes du Prix COAL accompagnés par les membres fondateurs de COAL

     

    COAL, DIX ANS D’ART ET D’ÉCOLOGIE

    Depuis une décennie COAL s’engage aux côtés des artistes qui souhaitent donner toute sa place à la culture comme vecteur de changement pour une transition écologique et solidaire. La crise écologique globale touche aujourd’hui l’ensemble des sociétés, des territoires et des activités, que ce soit par les changements climatiques, la raréfaction des ressources, les pollutions diverses ou l’érosion de la biodiversité. Une crise globale qui s’entrecroise avec ses conséquences économiques et sociales. Mais cette crise est aussi une crise culturelle. Les valeurs et les représentations dominantes, notre culture mondialisée, déterminent nos comportements individuels et collectifs, et in fine nos impacts collectifs sur la Planète. Aussi, les solutions à apporter à cette crise ne peuvent être que politiques et techniques. La culture peut en être un acteur majeur. C’est ce que promeut COAL depuis sa fondation en 2008.

    LE PRIX COAL 2018

    Cette année, et à l’occasion des dix ans de COAL, nous constatons les prémices d’un renouveau du mouvement engagé qui continue de donner tout son sens au Prix COAL. En dix ans, celui-ci est devenu le rendez-vous international des artistes qui s’emparent du principal enjeu universel de notre époque : l’écologie. Cette année encore, plus de 350 artistes issus de 66 pays représentant les six continents ont concouru dans le cadre d’un appel à projets international. Les dix artistes nommés ont été retenus pour les qualités esthétiques de leurs propositions, leur pertinence au regard des enjeux environnementaux, leur inventivité, leur capacité à transmettre et à transformer, ainsi que leur démarche sociale et participative. Ensemble, ils démontrent combien la création, dans sa diversité de formes et d’actions, constitue une force incontournable pour construire l’avenir de nos sociétés.

    LES LAURÉATS  2018

    Le Prix COAL Art et Environnement 2018 a récompensé le 24 octobre l’artiste Jacques Lœuille pour son projet The Birds of America. Le lauréat a été sélectionné par un jury de personnalités de l’art contemporain et de l’écologie parmi dix artistes nommés, au Musée de la Chasse et de la Nature.

    Un Prix COAL Spécial porté par la Fondation François  Sommer et le Ministère de la Culture a également été décerné à Martine Feipel & Jean Bechameil pour leur projet Cité d’Urgences – Apus Apus.

    Ces deux projets lauréats, très différents et complémentaires dans leurs approches, traitent de la question cruciale de la sixième crise d’extinction massive de la biodiversité et en particulier de la disparition des oiseaux à une vitesse inconcevable : en seulement quinze ans, un tiers des oiseaux des campagnes françaises ont disparu.

    Jacques Lœuille, Lauréat du Prix COAL 2018 pour le projet The Birds of America

    © John James Audubon, The Last Carolina Parakeet, 1825

     

    Diplômé de l’École des Beaux-arts de Nantes, de la Mel Hoppenheim School of Cinema de Concordia University à Montréal, et du post-diplôme des Beaux-arts de Lyon, Jacques Lœuille intègre en 2009 le Fresnoy — Studio national des arts contemporains, dont il est diplômé avec les félicitations du jury en 2011. Depuis, il réalise des installations vidéo exposées en galeries, dans des manifestations artistiques, des centres d’art et des musées. En 2017, il réalise La Peseuse d’or- un essai sur l’apparition du capitalisme dans la peinture hollandaise du XVIIe siècle -, récompensé par le prix du meilleur film du Festival du Film Francophone d’Angoulême et acquis par la collection d’art contemporain de la fondation Neuflize.

    En parallèle, il réalise des documentaires sur l’art pour Arte et France Télévisions et termine actuellement le film documentaire Menaces en Mer du Nord qui retrace l’histoire politique et interroge les conséquence sanitaires et environnementales des déversements d’armes chimiques et conventionnelles en Mer du Nord et Baltique pendant les deux conflits mondiaux. En 2017, il a participé au 62ème Salon de Montrouge pour la promotion des jeunes artistes contemporains. Jacques Lœuille est né en 1983 à Chambray-lesTours, en France. Il vit et travaille à Paris.

    Son projet The Birds of America questionne l’impact symbolique et réel que produisent les extinctions de masse et la dégradation de l’environnement sur la constitution politique des pays, et sur nos façon de vivre. Partant de l’idée que les oiseaux d’Amérique sont un ciment national, les États-Unis ne se forgeraient-ils pas alors une image dans le reflet fantomatique de leur ancien éden ? Telles sont les hypothèses auxquelles se livre l’auteur de The Birds of America. En référence à l’œuvre du peintre naturaliste français et père de l’écologie américaine John James Audubon, Jacques Lœuille réalise une installation déroulée en sept films, chacun consacré à un oiseau disparu du territoire, afin de révéler une contre-histoire politique des États-Unis. Les Américains ont construit une véritable mythologie autour des oiseaux, notamment du plus célèbre d’entre eux, le Bald Eagle, ou pygargue à tête blanche. Reconnu comme l’emblème de la nation, ce rapace diurne s’est raréfié avec l’industrialisation du pays. Sa survie tient aujourd’hui à un programme de subvention et de protection fédéral. Quant au pigeon migrateur américain, il a lui tout à fait disparu, victime du culte des armes à feu, ou encore du Trétras, qui s’est éteint en 2012, chassé de ses prairies par l’exploitation gazière. Ce qui est particulièrement poignant ici alors que notre fondent sur nous fake news et manipulations de l’information scientifique en tous genres, c’est que ces oiseaux disparus sont aussi les sujets d’une véritable fantasmagorie : images et récits falsifiés ou imaginaires, faux témoignages, confusion d’espèces, photomontages et trucages optiques…Cette esthétique du fake, à travers ces images truquées ou erronées de bird watcheur, sera présente dans l’installation et dialoguera avec les peintures d’Audubon. La « haute définition » des images d’Audubon et la low definition des images d’oiseaux actuelles contrastent, mettant en exergue la vanité de la technique, qui dans son hyper­activité ne sait plus rien conserver.

    Le lauréat du Prix COAL Art et Environnement 2018 bénéficie d’une dotation de 5 000 euros et d’une résidence au domaine de Belval, propriété de la Fondation François Sommer, assortie d’une aide financière complémentaire à la production.

    Un Prix COAL spécial décerné à Martine Feipel & Jean Bechameil pour leur projet Cité d’Urgences – Apus Apus


    © Martine Feipel & Jean Bechameil, Cités d’urgences – Apus Apus, esquisses, 2018

     

    Martine Feipel & Jean Bechameil travaillent ensemble depuis 2008. Martine Feipel a suivi des études d’arts plastiques à l’université des Arts à Berlin et au Central Saint Martins College of Art and Design à Londres. Jean Bechameil est passé par les Beaux-Arts de Paris et l’Académie Willem de Kooning de Rotterdam. Il a travaillé sur différentes scénographies de théâtre et de cinéma, et aidé à la réalisation des décors de plusieurs films de Lars von Trier. Le travail de Martine Feipel et Jean Bechameil interroge de manière générale notre perception de l’espace. Ils ont été sélectionnés en 2011 pour représenter le Luxembourg à la 54e Biennale de Venise. Depuis, ils ont été invités à de nombreuses expositions internationales, notamment au Kunstmuseum Bonn, au Pavillon de l’Arsenal à Paris ou à la Triennale de Beaufort en Belgique. En 2017, le Casino Forum d’art contemporain Luxembourg leur a consacré une exposition monographique.

    Avec Cités d’urgences, Feipel et Bechameil cherchent à mettre en œuvre une série de projets pour offrir aux espèces menacées par la raréfaction ou la destruction de leur habitat naturel des logements dédiés. L’étalement urbain et la densification de l’espace rural autour des agglomérations mettent aujourd’hui en péril la vie de nombreuses espèces végétales et animales.

    Alors que le tourisme fait rage et que les déplacements de populations n’ont jamais été aussi importants, de moins en moins de place est laissée aux animaux migrateurs et aux espèces nomades. Ils sont pourtant le symbole de cette liberté de se mouvoir au gré des saisons, qu’ils annoncent par leurs allées et venues. Le vol, les cris stridents, les incessantes poursuites des martinets ne sont-ils pas l’une des joies du début de l’été ? Cet oiseau a en effet évolué aux côtés des humains, s’habituant au cours des siècles à utiliser les anfractuosités des murs de pierres et de mortier des maisons pour y établir ses nids. Mais l’architecture contemporaine et son rêve de perfection et de fonctionnalité ont éliminé de nos bâtis toutes sortes de failles et de brèches, ne laissant que des surfaces lisses et impropres à la nidification.

    Feipel et Bechameil, artistes du rapport au corps dans l’architecture, des grands ensembles, de l’habitat et de l’habitant, proposent, dans une région rurale où l’espèce a quasiment disparu, de montrer qu’il est possible, en partant du bâti existant et en travaillant dans la durée, de réunir les conditions d’un retour de cet oiseau migrateur. Établissant une collaboration multidisciplinaire avec des scientifiques et les habitants eux-mêmes, ils développeront de nouvelles anfractuosités dans des murs existants, pensées comme des œuvres à part entière.

    Ce prix spécial est doté d’une résidence au domaine de Belval, propriété de la Fondation François Sommer et d’un soutien financier du Ministère de la Culture.

    LE JURY 2018 était composé de :

    Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du Musée de la Chasse et de la Nature
    Monique Barbaroux, haute fonctionnaire au développement durable du ministère de la Culture et de la Communication
    Pierre Emmanuel Becherand, responsable de la Mission Culture et Création de la Société du Grand Paris
    Nicola Delon, architecte, co-fondateur du collectif Encore Heureux
    Martin Guinard-Terrin, artiste et commissaire d’exposition
    Marianne Lanavère, directrice du Centre international d’art et du paysage de l’île de Vassivière
    Marnix Bonnike, directeur du Learning center Ville durable de la Halle aux sucres, Dunkerque

    Le jury du Prix COAL 2018 en pleine délibération avant le début de la cérémonie

     

    LES DIX NOMINÉS DU PRIX COAL ART ET ENVIRONNEMENT 2018

    Alexandra Daisy Ginsberg (Angleterre) – The Substitute
    Belén Rodriguez
    (Espagne) – Supersuperficie
    Cecilia Jonsson
    (Suède) – Tides
    Clément Richem
    (France) – Babel
    Élise Alloin
    (France) – La Dynamique du phosphore
    Jacques Lœuille
    (France) – Birds of America
    Jason Decaires Taylor
    (Angleterre) – The Sculpture Coralarium
    Lise Autogena, Joshua Portway et Ele Carpenter
    (Danemark et Angleterre) –  Kuannersuit; Kvanefjeld
    Martine Feipel et Jean Bechameil
    (Belgique) – Cités d’urgences — Apus Apus
    Rocio Berenguer
    (Espagne) – G5_Inter-espèces

    LA DOTATION DU PRIX COAL ART ET ENVIRONNEMENT 2018

    Le lauréat du Prix COAL Art et Environnement 2018 a bénéficié d’une dotation de 5 000 euros et d’une résidence au domaine de Belval (Ardennes), propriété de la Fondation François Sommer, incluant une bourse de production.

    La Fondation François Sommer s’associe en effet à COAL afin de doter le Prix COAL Art et Environnement 2015 d’une résidence de création artistique unique au domaine de Belval assortie d’une aide financière à la production.
    La Fondation François Sommer, reconnue d’utilité publique dès sa création le 30 novembre 1966, a été voulue par François et Jacqueline Sommer, pionniers de la mise en œuvre d’une écologie humaniste. Fidèle aux engagements de ses fondateurs, elle œuvre pour la protection d’une biodiversité où l’homme trouve sa juste place, pour l’utilisation respectueuse des ressources de la nature et le partage des richesses du patrimoine naturel, artistique et culturel.

    Le domaine de Belval est situé sur la commune de Belval-Bois-des-Dames. D’une superficie de 600 hectares clos, il est essentiellement forestier et parcouru de prairies et de 40 hectares d’étangs. Véritable observatoire de la ruralité et de la vie sauvage, il accueille chaque année des artistes sélectionnés pour l’intérêt de leur contribution au renouvellement de la vision du rapport de l’homme à son environnement naturel. Témoin de l’attachement de la Fondation à soutenir la création artistique contemporaine la résidence au domaine de Belval contribue à la diffusion des œuvres des artistes auprès d’un large public. Elle met également au service de la création un réseau des compétences complémentaires portées par les équipes scientifiques et pédagogiques du musée de la Chasse et de la Nature et celles du domaine de Belval.

    Le prix spécial est doté d’une résidence au domaine de Belval, propriété de la Fondation François Sommer et d’un soutien financier du Ministère de la Culture.

     

    PRÉSENTATION DES DIX PROJETS NOMINÉS

    Alexandra Daisy Ginsberg, The Subsitute

    © Dr. Alexandra Daisy Ginsberg, The Substitute, esquisses, 2018

    Les humains démontrent dans l’Histoire une fascination pour la vie… En 1515, c’est un rhinocéros indien, spécimen inconnu en Europe, qui fut offert et expédié par bateau au pape Léon X depuis le Portugal, mais qui périt dans ce voyage au large de l’Italie. Le graveur Albrecht Dürer ne le vit donc jamais, mais en eut le récit et en fit une « reproduction erronée » devenue célèbre, copiée et diffusée. En 2018, ce sont des experts en intelligence artificielle (IA) de Google DeepMind qui ont montré qu’en apprenant à un agent artificiel à naviguer dans une boîte, celui-ci développait un modèle de « cellule de grille » — un type de neurone présent dans le cerveau de certains mammifères qui leur permet d’évaluer leur position dans l’espace.Croisement des histoires, au même moment, le dernier mâle des rhinocéros blancs du Nord s’éteignait. Son ADN, son sperme et ses tissus ont été conservés dans une version contemporaine et biotechnologique du cabinet de curiosités. Une approche solutionniste qui offre la perspective d’une résurrection de l’espèce et de son patrimoine génétique singulier. Se posent alors ces questions : que produirait une erreur de réplication ? Comment un spécimen isolé pourrait-il apprendre à être un rhinocéros blanc du Nord ?

    Belén Rodriguez, Supersuperficie

    © Belén Rodríguez, déchets plastiques sur une plage d’Ostia, Mexique, 2012

    Il fut un temps où l’idée de se débarrasser de quelque chose qui pouvait encore servir était inadmissible. Puis le marketing consumériste s’est installé, faisant disparaître le désir pour l’objet bien avant que celui-ci cesse d’être utile. En 2018, les humains ont produit près de 4 000 milliards de tonnes de déchets. Les objets ont commencé à submerger la terre. Partant de ce contexte, Belén Rodríguez travaille depuis plusieurs années à concevoir un matériau architectural couvrant, conceptualisant une nouvelle culture matérielle pour un monde dépourvu d’objets. Elle se propose de réaliser une série de sculptures et d’installations avec le plastique collecté pendant six mois sur les plages de Cantabrie, dans le nord de l’Espagne. S’en suivra le developpement d’un prototype de ce matériau qui résultera de l’application de la technique du plastique fondu à ces déchets collectés. Ce matériau conservera visible l’hétérogénéité de ses pièces originelle

    Cecilia Jonsson, Tides

    © Cecilia Jonsson, prototype de marégraphe à Mandø, la zone de conservation maritime
    de la mer des Wadden danoise, 2017

    Les deux variables clés dans la détermination de la hauteur des marées sont la topographie des fonds marins et celle des côtes. Or, toutes deux ont été considérablement modifiées par les humains. Définir la hauteur moyenne d’une surface aussi instable est devenu une gageure en ces temps de réchauffement de la planète et d’élévation du niveau des mers, causée par la fonte des glaces et la dilatation thermique des océans. Les marées constituent donc non seulement un défi environnemental et scientifique, mais également une force dont l’influence physique et psychologique sur notre culture s’avère. Tides compile une série d’enregistrements en continu de marées montantes grâce à une installation de structures en textile et de photographies temporelles. Ces marégraphes de tissu sont teintés d’anthocyanines, indicateurs naturels du pH des eaux, capables d’enregistrer la dynamique des marées et l’insaisissable notion de « niveau moyen des mers ». La réaction chimique engendrée par sa dissolution dans les eaux montantes laisse une empreinte colorée allant du rouge en milieu acide (bas pH) au bleu en pH intermédiaire, et en devenant incolore puis jaune clair en milieu basique. Cecilia Jonsson tend ses tissus sur l’horizon dans une myriade de zones dites « intertidales », soit la partie du littoral située entre les limites extrêmes des plus hautes et des plus basses marées. Toujours situés à proximité de structures officielles du contrôle de l’eau, les sites choisis (côtes, marais salants, zones humides, lacs, rivières, sites soumis à des contraintes environnementales) mettent en jeu une diversité de références politiques, religieuses et mythiques.

    Clément Richem, Babel

    © Clément Richem, image extraite de la vidéo d’essai du projet Babel, 2018

    La chute de Babel est un symbole universel de ce syndrôme d’hubris qui conduit les humains à leur propre perte, aujourd’hui plus que jamais. Clément Richem élabore un tableau vivant ; la sculpture en argile d’une tour et son environnement urbain plongé dans un aquarium empli d’eau. L’argile se délite lentement à son contact. L’édifice démesuré se dissout et sa matière se confond progressivement avec la ligne d’horizon que dessine le sol. La transition d’un état à un autre de la matière, sa transformation continue et le sable qui recouvre tout, est le sujet de l’oeuvre. Ni nos civilisations, ni nos corps, ni même les roches ne sont éternels. Cette déliquescence perpétuelle est conservée grâce à la vidéo. Ce paysage sculpté sera le fruit d’un patient travail de modelage. La finesse de réalisation de l’édifice rendra saisissant son anéantissement dans et par l’eau. De créateur, Clément Richem devient spectateur, fasciné par l’érosion si rapide de sa création longuement préparée. C’est en observant la capacité de l’argile à renaître qu’est né ce projet. Tous les restes de terre sèche non employés par un céramiste sont en effet plongés dans l’eau avant d’être recyclés. La dissolution de l’argile ainsi que la possibilité de la réutiliser ont fasciné l’artiste.

    Élise Alloin, La Dynamique du phosphore

    © NASA images by Norman Kuring, NASA’s Ocean Color Web. NASA Earth Observatory
    map by Joshua Stevens, based on data from Natural Earth. Caption by Kathryn Hansen.

    Le phosphore est un élément chimique indispensable à la vie et présent sur terre en quantité limitée. Il est aujourd’hui l’objet d’une exploitation massive par l’industrie des engrais agricoles, au point que les réserves pourraient être épuisées d’ici à trois cent cinquante ans. Son extraction des roches phosphatées entraîne à la fois la stérilisation irréversible de ces sols et la production d’un abondant reliquat minéral — le phosphogypse. Au fil du temps, d’immenses crassiers de cette matière-déchet sont apparus partout où l’industrie des engrais s’est développée. En Pologne, en Chine, aux États-Unis et au Maroc principalement, cette géographie surnaturelle hante les paysages de sa blancheur étincelante. Elise Alloin a enquêté sur ce phénomène méconnu. Dans le port de Gdańsk s’épanouit depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale le grand complexe chimique Fosfory. Par lixiviation et ruissellement des eaux de pluie, le phosphogypse des crassiers, au même titre que les engrais phosphorés disséminés sur les terres agricoles, sont rendus à la mer. Ceci a pour conséquence l’eutrophisation et la métamorphose sans précédent des écosystèmes marins de la mer Baltique. Le phosphore y est en particulier responsable du fleurissement annuel de cyanobactéries, comme en témoigne l’évolution spectaculaire de la couleur de ses eaux, visible uniquement par satellite. La Dynamique du phosphore se traduira par un film, une installation multimédia et des sculptures vivantes explorant la manipulation chimique de cet élément, et les dimensions sensibles de la transformation qu’opère son industrie sur le territoire. À peine perceptible à l’échelle humaine, ce phénomène vivant, à l’échelle géologique, nous oblige à prendre conscience de la temporalité des cycles écologiques et à manifester une nouvelle relation au paysage dont nous sommes faits.

    Jason Decaires Taylor, The Sculpture Coralarium

    © Cat Vinton photographe, vues intérieure et extérieure du Coralarium de Jason deCaires Taylor
    avant sa destruction, 2018.

    Montée des eaux et détérioration rapide des récifs coralliens font craindre l’inhabitabilité des Maldives dès 2070. Et c’est là, au centre du plus grand lagon corallien aménagé des Maldives, où a lieu un processus d’érosion irréversible du littoral, dans la station balnéaire de Fairmont Maldives Sirru Fen Fushi, que le sculpteur Jason deCaires Taylor a choisi d’installer son Coralarium. Un cube de 6 m de haut se dresse sur l’horizon. Il supporte sur son toit quelques sculptures d’hommes et d’enfants au regard porté vers la surface de la mer, et dans son antre abrite des personnages qui, soumis aux marées, marquent la fragilité de l’humanité face à l’élévation du niveau de l’eau. Élaborés à partir de structures de corail, les murs à la porosité naturelle permettent aux marées, au courant et à la vie marine de les traverser, et à la structure de « respirer ». La compléxité de sa forme a été voulue et conçue pour dissiper les forces océaniques tout en créant un espace de protection et permettre à la nature de le coloniser et s’y réfugier. Un programme scientifique sur la protection des coraux accompagne la révélation de l’oeuvre finale, au fur et à mesure de sa colonisation. De sublime en spectaculaire, l’artiste insuffle un débat — émotionnel et politique auprès d’un large public — essentiel à la formulation d’une réponse mondiale aux changements climatiques. Malheureusement, le 21 septembre 2018, le gouvernement des Maldives a ordonné à l’armée de détruire ces sculptures figuratives pour raisons religieuses. Un dialogue continu et des demandes d’autorisation approuvées durant toute la période de construction ont été vains. Le président Abdulla Yameen a été largement critiqué pour avoir voulu ainsi renforcer son soutien aux extrémistes et souligner son autorité. Le 23 septembre, il perdit massivement les élections.

    Lise Autogena, Joshua Portway et Ele Carpenter, Kuannersuit; Kvanefjeld

    © Lise Autogena & Joshua Portway, Vue de Kuannersuit, 2018

    Depuis des générations, la petite agriculture aux alentours de Kvanefjeld est le modèle économique qui prédomine, comme à l’échelle nationale du Groenland. Ce paysage culturel extraordinaire est classé au patrimoine mondial de l’Unesco. Bordé de fjords spectaculaires et de pâturages, il est aussi un site géologique unique doté d’un des plus riches gisements de métaux rares et d’uranium au monde. Une société minière australo-chinoise est en train d’en obtenir un permis d’exploitation à ciel ouvert, élevant tristement Kvanefjeld au rang de symbole d’un moment charnière pour le Groenland, où le fonctionnement durable est compromis par l’appât du gain à court terme, et l’impact, radical, sur l’infrastructure économique du pays, son tissu social et culturel, son identité. Après avoir réalisé un premier documentaire sur le site, le trio d’artistes projette une série d’initiatives destinées à asseoir une collaboration de long terme avec la communauté locale et des scientifiques de la Commission européenne de surveillance de la radioactivité ambiante et de la sécurité nucléaire. Ensemble, ils créeront une station de surveillance alternative des radiations pour transmettre des données fiables au système d’évaluation de la radioactivité de l’Union européenne. Bergers, chasseurs, pêcheurs seront impliqués et formés par les artistes pour surveiller le niveau des radiations dans leur environnement, les cartographier et les transmettre en temps réel grâce au développement des compteurs geigers pour smartphone. Une production artistique bâtie sur ces relations nouvelles entre une population, son autonomie émergente et la conscience du risque dans le contexte de la mine de Kvanefjeld rendra visible ce flux de données participatif et démocratique. Ce projet veut être le point de départ de nouvelles façons de penser la collecte et le partage des données formelles et informelles dans de tels contextes géopolitiques.

    Rocio Berenguer, G5_Inter-espèces

    © Rocio Berenguer, G5_Inter-Espèces, 2018

    Le post-humanisme, l’intelligence artificielle (IA), l’édition génétique comme le changement climatique remettent en question l’ordre du vivant. L’homme va-t-il fusionner avec la machine ? Les plantes connectées, les animaux-cyborg, les attaques bactériologiques, devenir notre nouvelle normalité ? G5 remet en question le droit des humains à décider seuls de l’avenir du monde vivant. Ce projet mêlant arts et sciences prend la forme d’un spectacle à la fois de danse et de théâtre, une installation qui permet à Rocio Berenguer de figurer son rêve d’établir un dialogue d’égal à égal entre les grands règnes du vivant. Combinant réel et fiction, science et imaginaire poétique, G5 se situe dans un futur proche où l’IA bouleverse les rapports de domination terrestres, signant la fin de l’anthropocentrisme. Ce changement est envisagé comme une opportunité pour rétablir une coexistence pacifique et organisée entre les espèces. Des représentants du genre humain, du règne machine et des autres espèces du vivant sont réunis autour d’une table pour débattre des possibilités de leur collaboration, fusion, détermination, autonomie ou indépendance, et entériner la première législation inter-espèces mondiale. La mise en scène de ce dialogue hypothétique permet d’évoquer des questions scientifiques, éthiques, sociétales et artistiques cruciales, et d’explorer les possibles systèmes de communication inter-espèces. D’Emanuele Coccia à Baptiste Morizot en passant par Francis Hallé, Corine Pelluchon, Bruno Latour et Edgar Morin, l’artiste se nourrit des recherches de ceux qui contribuent à bâtir la conscience d’une véritable communauté terrienne englobant toutes les formes de vie.

    Téléchargez le Catalogue du Prix COAL 2018

    Le lauréat du Prix COAL 2018 et les lauréats du Prix spécial avec les membres fondateurs de COAL

     

    Crédits images : Photographies de la cérémonie de remise du Prix COAL par © Julie Bourges

     

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