PRIX COAL 2020 : RENCONTRE AVEC ANTHONY DUCHÊNE

Crédit image : © Anthony Duchêne, Les Kamikazes, bois et huile sur céramique, 2019. 

PRIX COAL 2020 : RENCONTRE AVEC ANTHONY DUCHÊNE

Dans le cadre du Prix COAL 2020, dix projets d’artistes ont été nommés pour figurer parmi les finalistes de cette onzième édition. Chaque jour, nous vous proposons une rencontre avec un des projets nommés, jusqu’à l’annonce du lauréat.

Anthony Duchêne est né en 1976 à Montpellier, France. Il vit et travaille à Marseille, France.

Anthony Duchêne est plasticien, diplômé de l’École supérieure des Beaux-arts de Marseille en 2006. Il développe un travail de sculpture, de dessin et d’objets inspirés par le fonctionnement de la nature et du monde animal. Entrecroisant l’univers des sensations gustatives et olfactives, il évoque par ses réalisations des figures d’hybridations et de mutations d’espèces végétales et animales lui inspirant des combinaisons inédites. En 2012, il reçoit le prix Science Po pour l’art contemporain pour son œuvre « Empyreume », une sculpture proposant une dégustation de vin tronquée autour de la famille des arômes empyreumatiques. Plus récemment passionné par les vins vivants, il se rapproche de paysans-vignerons pour étudier le fonctionnement des sols, l’équilibre de la nature et de la biodiversité.

PROJET NOMMÉ POUR LE PRIX COAL 2020 : J’ENHERBE LE MONDE

Maintenir, préserver, développer l’équilibre de la nature et refuser tout intrant chimique, telle est la volonté commune de quelques vignerons-paysans qui s’opposent aux diktats de l‘agriculture moderne. C’est avec eux qu’Anthony Duchêne collabore depuis trois ans pour J’enherbe le monde. Avec leur concours, il réalise des œuvres plastiques mais aussi des installations implantées dans leurs vignes afin de rendre visible et palpable leur rôle dans la préservation et le développement de la biodiversité.

Anthony Duchêne part d’études scientifiques, de savoir-faire paysans et d’expérimentations : au Domaine Ledogar (Corbières), il utilise ainsi la diffusion sonore pour stimuler les défenses immunitaires et soigner naturellement les vignes contre les attaques de champignon sans avoir recours à la chimie ; au Domaine Léon Barral (Faugères), il crée une œuvre pouvant accueillir et fidéliser les chauves-souris qui vont pouvoir, à leur tour, fertiliser naturellement les sols ; au Domaine Sicus (Catalogne Sud), il propose de fabriquer des amphores de vinification en argile issue du terroir même, afin d’élaborer un vin typiquement endémique et mettre un terme à l’exploitation des chênes pour la réalisation des barriques.

Ce sont les échanges, les recherches et les observations menées avec les vignerons qui innervent et alimentent l’ensemble du projet qui, à terme, vise à partager, sous la forme d’un documentaire, les méthodes employées par ces paysans-vignerons et transmettre les valeurs d’une polyculture respectueuse du vivant.

 

Décrivez votre environnement actuel, comment vivez-vous cette ère de covid-19 ? Comment cette situation influence votre démarche artistique ?

Le confinement dû au Covid-19 n’a pas modifié ma façon de travailler ni étouffé ma démarche. J’ai simplement privilégié, pour des raisons pratiques, les recherches et la réflexion à la réalisation plastique.

Quel est votre premier rapport sensible avec le vivant ?

Le premier rapport sensible au vivant s’est révélé par un fort intérêt pour le monde animal. Intéressé par la forme mais aussi par le mode de vie de l’espèce animale, j’ai commencé à développer un travail hybride en y insérant progressivement d’autres domaines du vivant que sont le monde végétal et minéral.

Comment est né votre projet ?

Passionné par le vin et l’histoire de la cuisine en général, j’ai orienté mes recherches sur les pratiques des Paysans-Vignerons qui privilégient le respect des sols en cherchant inlassablement à parfaire leurs connaissances sur le fonctionnement et l’équilibre de la nature.

Comment mettez-vous en place des démarches artistiques au sein d’un milieu agricole ?

J’enherbe le monde est né après deux années d’observation ; parcourant les vignes à travers l’Europe, au contact du terrain et de ses acteurs, j’ai nourri et développé cette démarche en m’appuyant sur les techniques atypiques et précurseurs de ces Paysans-Vignerons ; en leur proposant une forme de collaboration consistant à réaliser des œuvres implantées sur leurs parcelles. Celles-ci ayant un véritable rôle à jouer sur la biodiversité.

Comment articulez-vous vos connaissances scientifiques et vinicoles avec l’imaginaire ludique et plastique de vos œuvres ?

J’articule d’abord tous ces thèmes autour de la notion de langage, puis se compose un travail d’hybridation à travers la sculpture et le dessin.

Il y a toujours eu une forme ludique et imaginaire dans mon travail, certainement due à l’influence d’artistes belges. Mais aussi une inspiration médiévale, puisque cette période et sa représentation sont empreintes de ruralité ; aspect que je souhaite défendre dans ma démarche esthétique, attentif aux valeurs des pratiques ancestrales qui tendent à revenir.

Quel est votre engagement environnemental en tant qu’artiste et citoyen ?

A titre personnel, et en lien avec ma démarche, je privilégie les produits issus de cultures responsables et respectueuses de l’environnement et tout particulièrement en ce qui concerne la filière animale. Aussi je défends et soutien le système locavore qui tend à revenir à l’agro-sylvo-pastoralisme. Bien évidemment, la défense et la consommation de vins vivants.

Comment imaginez-vous le monde qui vient ?

Restons Nature !

 

Image à la une : © Anthony Duchêne, Les Kamikazes, bois et huile sur céramique, 2019


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